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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

sans s’inquiéter du sort de son nouveau vassal, voulut se montrer dans les provinces qui étoient encore sous son obéissance. Il traversa l’Anjou, le Poitou, et vint en Guyenne, où il fut reçu par son frère Richard. En retournant en Bretagne, il apprit le résultat de l’assemblée de Compiègne, et convaincu qu’il ne pouvoit plus compter sur les divisions des seigneurs, il prit le parti de repasser en Angleterre. Avant son départ, il conclut avec la Régente une trêve de trois ans, dans laquelle Mauclerc eut le bonheur d’être compris, à la prière de son frère, le comte de Dreux, qui étoit resté fidèle.

Depuis cinq ans que Blanche avoit le pouvoir, ce fut la première fois qu’elle put compter sur un repos durable. Au milieu des agitations et des craintes de toute espèce auxquelles elle fut en proie, on la vit dans les courts intervalles de tranquillité que ses succès lui faisoient obtenir, s’occuper de l’éducation de son fils. Les plus habiles maîtres lui furent donnés. D’après le plan conçu par la Reine, ils lui enseignèrent le latin, langue qui lui devint par la suite si familière, qu’il lisoit avec facilité les Pères de l’Église et les auteurs anciens ; mais sa principale étude fut celle de l’histoire ; la Reine s’en entretenoit souvent avec lui, et l’habituoit, par des applications fréquentes, à en tirer les plus hautes leçons de politique. Ce fut là qu’il apprit, dès son enfance, à mépriser ces ruses et ces faussetés qu’on décore du nom d’habileté dans les affaires, et qu’il adopta pour principe de ne consulter jamais que la justice, soit dans son gouvernement intérieur, soit dans ses relations du dehors.

Aussitôt que le calme fut rétabli, sa mère lui fit