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TABLEAU

plie de sagesse, mais conforme au droit généralement reconnu alors, qu’avoit l’Église de déposer les rois. Il s’étonna que Grégoire IX eût osé détrôner un si grand prince sans l’avoir convaincu des crimes qu’il lui reprochoit : il observa que si Frédéric avoit mérité cette punition, elle ne pouvoit lui être infligée que par un concile général. « Nous enverrons, ajouta-t-il, des ambassadeurs à ce prince pour nous assurer de sa foi : s’il est orthodoxe, pourquoi l’attaquerions-nous ? S’il est dans l’erreur, nous le poursuivrons à outrance. »

Louis envoya donc sur-le-champ des ambassadeurs à l’Empereur, qui protesta qu’il étoit bon Catholique. L’un d’eux, chargé des instructions particulières du Roi, lui dit : « Dieu nous garde d’attaquer un prince chrétien sans cause légitime. Ce n’est pas heureusement l’ambition qui nous guide. Nous pensons que notre maître, qui est parvenu à la couronne par le droit de sa naissance, est au-dessus de tout prince électif ; et il suffit au comte Robert d’être le frère d’un si grand Roi. » Les ambassadeurs recommandèrent cependant à Frédéric de ménager le Pape, et de se réconcilier avec lui. Il ne tint compte de ce conseil, et pressa plus vivement le pontife qui, dans cette circonstance difficile, crut devoir convoquer un concile général. Frédéric, qui d’abord avoit demandé que le concile fût assemblé, et avoit promis de le reconnoître pour juge, y mit alors opposition. Il écrivit au Roi qu’il ne donneroit aucune sûreté aux évêques français qui traverseroient ses États pour se rendre à Rome. En effet, ses vaisseaux en arrêtèrent quelques-