PLAITS DE LA PORTE,
ET
DE LA FORME QUE NOS ROIS OBSERVOIENT
POUR RENDRE LA JUSTICE EN PERSONNE.
Si les rois ont esté de tout temps jaloux de leur autorité,
et s’ils ont affecté de faire éclater leur puissance
sur leurs sujets, aussi bien que sur leurs ennemis,
ils ont aussi voulu signaler la douceur et la modération
de leur gouvernement, par la distribution
de la justice, et par l’établissement des gouverneurs,
et des juges en toutes les places de leur royaume, pour
la leur rendre en leur nom. Mais, comme il arrive souvent
que les peuples sont oppressez par ceux mêmes
qui sont instituez pour les garantir de l’outrage, et
que ceux qui ont l’autorité en main pour les défendre,
n’en usent que pour en former leurs avantages particuliers,
on a esté pareillement obligé d’avoir recours
aux princes, et d’apporter les plaintes à leurs trônes,
pour obtenir de leur équité, ce que l’abus et l’injustice
des juges sembloit refuser. C’est ce qui a donné
sujet à nos rois, pour ne pas remonter plus haut, d’établir
des justices dans leurs palais mêmes, et d’y présider
en personne, pour recevoir et décider les plaintes