Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/152

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nombre jusques à cinq de chaque costé ; et fut dit qu’il y auroit un greffier de chaque part, pour escrire ce qui seroit resolu par commun consentement des deux parties. Mais, après avoir bien disputé l’espace de trois mois, il fut impossible d’accorder entre eux un seul article, de sorte que le colloque fut rompu le vingt-cinquiesme novembre suivant. Le cardinal de Lorraine avoit envoyé quérir des ministres allemans, pour les faire disputer avec ceux de France sur l’article de la Cène, qui estoit le plus important, et par ce moyen donner plus d’authorité à l’Église catholique par leur discorde. Le semblable estoit advenu vingt ans auparavant au colloque de Ratisbonne, qui fut, par l’authorité de l’empereur Charles cinquiesme, entre quelques docteurs catholiques et protestans, autant d’une part que d’autre.

Ce qui ne servit de rien, sinon de révoquer en doute la religion des uns et des autres, et mettre ceux qui les oyoient, et plusieurs peuples, en deffiance de leur foy ; car il est bien certain que tout ce qui est mis en dispute engendre doute. Aussi est-ce une faute bien grande de vouloir mettre sa religion en doute, de laquelle l’on doit estre entièrement asseuré. Voilà pourquoy, non-seulement les princes musulmans et infidèles, mais davantage le duc de Moscovie, qui est un grand monarque, et qui est chrestien, a deffendu de disputer aucunement de la religion. Aussi fut-il deffendu estroitement entre les Hebreux de disputer de la loy de Dieu, et permis seulement de la lire. Et ne faut pas douter que toutes les hérésies ne soient provenues des disputes trop curieuses de la religion chrestienne ; laquelle ne se peut bien entendre que par foy et par humilité, ac-