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entre la france et l’angleterre.


nouveaux États, éclairés par une fatale expérience, ne s’occupèrent que des moyens de réparer les maux de la France.

Cependant Édouard en traitant son prisonnier avec une générosité apparente, n’en mettoit que des condi-

    « Desessarts et le sire Jean de Charni, avoient eu, dit Froissard, par inspiration divine, quelque révélation du coup qu’on préparoit. Sans être d’intelligence avec Maillard, ils s’arment ; et Martin Desessarts, frère du chevalier, Jacques de Pontoise, huissier d’armes, se joignent à ces braves. Leur premier appel a rassemblé un grand nombre de leurs amis et de bourgeois restés fidèles au Roi et au Dauphin. D’abord ils se précipitent dans la maison de Joseran de Mascon, trésorier du roi de Navarre, agent de ce prince à Paris, et l’un des principaux conspirateurs. Leur vengeance est trompée ; déjà il étoit auprès de Marcel. Ils courent soudain à l’hôtel de ville. Le chevalier Desessarts y saisit une bannière royale, et se met à la poursuite du prévôt et de ses complices, en criant avec ses amis : Monjoye Saint-Denis au Roi et au Duc ! meurent les traîtres ! En un moment ils sont à la porte Saint-Antoine ; ils surprennent Marcel, tenant dans ses mains les clefs de Paris, et l’interpellent brusquement. Là, comme à la bastille de Saint-Denis, commencent de violens débats : les esprits s’aigrissent par de mutuelles injures, Maillard étoit déjà venu, et partageoit avec ces fidèles les périls et l’honneur. Les amis de Marcel se mettent en défense. On se mêle, on se frappe en tumulte. Le peuple attroupé poussoit des cris confus : À mort, à mort ; tuez, tuez le prévôt et ses alliés ; car ils sont traîtres. Philippe Giffart, échevin, étoit bien armé et le casque sur front ; il vendit chèrement sa vie. Au moment où Marcel, qui étoit monté sur les degrés de la Bastille, alloit s’enfuir, le sire de Charny lui décharge un coup de hache sur la tête, et le renverse mourant, Pierre Fouace, et d’autres bourgeois, irrités par la chaleur du combat, et pleins d’animosité contre le perfide, se jettent sur lui, et l’achèvent à coups d’épées et de hallebardes. Simon le Paumier, et beaucoup de ses satellites, percés de mille blessures en même temps, expirent autour de son corps, plus noblement qu’il n’appartenoit à de tels hommes. On se saisit des autres, et on les envoya en différentes prisons. » (Histoire des États-généraux de la France, depuis 1355 jusqu’à 1358, par M. Naudet.)