Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
précis des guerres


sitions. Le duché de Bourgogne se trouvoit réuni à la Couronne par la mort de Philippe de Rouvres, dernier rejeton des anciens ducs. Le duché revenoit à Jean II en vertu du testament de Philippe, et parce que, étant fils de Jeanne de Bourgogne, sœur du duc Eude IV, grand-père de ce prince, il étoit son plus proche héritier. Le roi de Navarre avoit réclamé l’héritage comme petit-fils de Marguerite, sœur aînée du même duc Eudes ; la cour des pairs adjugea le duché au roi Jean, qui, au lieu de le conserver pour compenser les pertes récentes du royaume, le donna à son fils, Philippe-le-Hardi[1], en récompense du dévouement qu’il avoit montré à la bataille de Poitiers. Ainsi cette fatale journée devoit encore, long-temps après, devenir une nouvelle source de maux pour le royaume.

Le Roi, fidèle à ses engagemens, ne vouloit point rompre la paix qu’il avoit signée avec l’Angleterre ; mais il brûloit de relever sa gloire par quelque grande entreprise. Tel fut le motif qui lui fit projeter une croisade, espérant peut-être, d’ailleurs, que les grandes compagnies seroient tentées par cette expédition lointaine, et qu’il en délivreroit ses États. Ce dessein l’occupoit entièrement, lorsqu’il apprit que le duc d’Anjou, son second fils, qui étoit otage en Angleterre, avoit faussé sa parole en s’évadant. Il prit sur-le-champ la généreuse résolution d’aller lui-même à

  1. Philippe-le-Hardi fut le chef de la deuxième race des ducs de Bourgogne, dont la puissance s’accrut avec une telle rapidité, qu’ils furent bientôt en état de balancer, d’éclipser même celle des rois de France. Cette race s’éteignit après avoir donné pendant un siècle des ducs à la Bourgogne, qui fut réunie à la Couronne sous Louis XI.