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SUR DU GUESCLIN.

fut longtemps opiniâtrée de part et d’autre ; mais à la fin, Guesclin fit de si grands efforts qu’il jetta son homme par terre. Il arriva par malheur qu’en se tiraillant l’un et l’autre, Bertrand tomba sur son adversaire, et dans sa chute, il se froissa le genou contre un caillou dont le coup fut si rude et si violent qu’il luy fit une large ouverture, et luy causa tant de douleur, qu’à peine pouvoit-il se tenir sur ses pieds ; et le sang qui couloit de sa playe luy faisant apprehender que la nouvelle de cet accident ne vint jusqu’aux oreilles de sa tante, il pria ses camarades de le mener chez un chirurgien, pour panser sa blessûre. Ils luy rendirent ce bon office, et luy présentèrent le prix qu’il avoit remporté dans la lute ; c’étoit un chapeau tout couvert de plumes et garny d’argent sur les bords ; mais il n’osa pas l’accepter, de peur que sa tante, découvrant par là qu’il avoit eu la témérité de s’engager à la lute à son insçû, contre sa defense absoluë, ne lui fît ressentir son indignation. Il ne put pourtant pas empêcher que toute l’affaire ne vint ensuite à sa connoissance ; car cette dame, après que le sermon, qu’elle avoit attentivement écouté fut finy, venant à s’appercevoir que son neveu luy manquoit auprès d’elle, le fit chercher par tout. Un de ses compagnons la tira de peine en la felicitant sur le bonheur qu’il avoit eu de remporter le prix de la lice, et l’assûrant que cet avantage ne luy avoit coûté qu’une blessûre légère au genou, dont elle devoit espérer qu’il gueriroit bientôt, puis qu’on avoit eu grand soin d’appliquer aussitôt l’appareil nécessaire à la playe que luy avoit causé la rencontre d’une pierre qui luy avoit fait quelque contusion.