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entre la france et l’angleterre.


Richard III et Robert-le-Diable. Ce dernier, qui ne se maria point, choisit pour héritier, son fils naturel Guillaume-le-Bâtard, qu’il avoit eu de Harlotte, fille d’un pelletier de Falaise, et obtint pour lui du roi de France, Henri I l’investiture de la Normandie. Guillaume, prince ambitieux, actif et entreprenant, ne fut pas long-temps satisfait du rang où la fortune l’avoit élevé. Édouard-le-Confesseur, roi d’Angleterre, venoit de mourir sans enfans ; élevé en Normandie, sous les yeux de Robert-le-Diable, il avoit conservé beaucoup d’affection pour les Normands ; il en avoit appelé plusieurs à sa Cour, avoit introduit en Angleterre leurs usages et même leur langue, qui étoit celle des Français, dont ils avoient adopté l’idiome. Les grandes qualités de Guillaume, les obligations qu’il avoit à son père, lui firent jeter les yeux sur le jeune Duc pour monter sur le trône après lui. Mais il mourut sans avoir pris de résolution définitive. Guillaume prétendit qu’Édouard l’avoit désigné comme son successeur, par un testament, qui n’a jamais été connu. Favorisé par le pape Alexandre II, aidé par le duc de Bretagne, par le comte d’Anjou, et par le comte de Flandre, son beau-père, qui, régent de France, pendant la minorité de Philippe I, s’occupa plus des intérêts de son gendre, que de ceux du royaume, suivi par l’élite de la noblesse de Normandie, et par une foule d’aventuriers de tous les pays, il descendit en Angleterre le 28 septembre 1066.

L’exemple des fils de Tancrède, simples gentilshommes normands, qui, sans autre secours que leur courage et leur épée, étoient parvenus à se créer des principautés en Italie, excitoit l’enthousiasme pour les entreprises aventureuses. Guillaume étoit d’ailleurs sans inquiétude sur son duché de Normandie, que