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SUR DU GUESCLIN.


CHAPITRE XXI.


Du secours que le roy Pierre alla demander au prince de Galles qu’il trouva dans Angoulesme, et du présent qu’il luy fit de sa table d’or, pour l’engager dans ses intérêts.


Ce malheureux prince, ennuyé de sa mauvaise fortune et se voyant abandonné de tous ses sujets et poursuivy jusques dans les reins par Henry, qu’il regardoit comme un usurpateur, resolut de s’aller jetter entre les bras du prince de Galles qu’il connoissoit assez généreux pour entreprendre de le relever de l’accablement dans lequel il étoit, et de le faire remonter sur le trône. Il s’embarqua donc avec son monde, son argent et sa table d’or couverte d’un tres riche drap dont l’étoffe étoit extremement curieuse et rare. Il commanda qu’on eût à cingler du côté de Bordeaux, parce qu’étant la capitale de la Guienne, il devoit raisonnablement croire que ce prince y faisoit son sejour. Ce fut dans cette esperance qu’il y debarqua, donnant ordre à ses fourriers de prendre les devans et d’aller toujours marquer son logis dans la ville. Ensuite il monta sur une mule d’Arragon, suivy d’un grand nombre de chevaliers qui luy faisoient cortege chapeau bas, tâchant de cacher son malheur et son inquiétude par un exterieur magnifique et superbe. Il demandoit, en passant dans les ruës, si le prince étoit dans la ville : il fut un peu mortifié de ne l’y pas