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ANCIENS MÉMOIRES


CHAPITRE XXIV.


De la reddition volontaire de Burgos, Tolede et Seville, entre les mains de Pierre, et de l’ingratitude qu’il commit à l’égard du prince de Galles.



Après cette grande et fameuse victoire, la ville de Burgos ouvrit de fort bonne grace ses portes au vainqueur. Le prince de Galles s’entretenant avec ses courtisans des promesses solemnelles que le roy Pierre avoit faites, qu’en cas qu’il mourût sans enfans, la couronne d’Espagne luy seroit dévoluë à luy et à ses héritiers, fut bien desabusé de la bonne opinion qu’il avoit conçue de ce prince infidelle, qui faisoit litiere de sa parole, qu’il se moquoit de garder à ceux dont il avoit tire tous les services qu’il en attendoit, et se faisoit un plaisir de leur en manquer quand il n’en avoit plus de besoin. Le prince de Galles fut étonné d’apprendre de l’évêque de Burgos, que c’étoit là le vrai caractere de Pierre. Il l’assûra qu’il ne devoit aucunement compter sur tous les sermons qu’il pouroit lui avoir faits, quand même ce seroit sur le saint Sacrement ; mais que s’il avoit juré sur l’Alcoran, qu’alors il seroit un fort religieux observateur de sa parole.

Ce prince fut encore plus suipris quand il sçut que Pierre avoit plus de penchant pour les Sarrazins que pour les Chrétiens, et commença pour lors de craindre qu’il n’eût employé ses armes pour un ingrat et pour un malhonnête homme. Il voulut un peu creuser là