Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 5.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
ANCIENS MÉMOIRES

qu’il avoit reçus en se chamaillant contre les Anglois, luy froisserent tellement le corps qu’il ne put survivre longtemps à cette derniere expédition. Bertrand et Clisson furent aussi fort maltraitez, mais avec un moindre danger ; car s’étant tirez à l’écart pour reprendre un peu leurs esprits, ils revinrent ensuite à la charge avec plus de rage et plus de fureur.

Guesclin crioit à ses soldats que la viande dont ils devoient souper étoit dans cette place, et qu’il falloit necessairement ou la prendre, ou mourir de faim. Il commanda pour lors à ce Jean du Bois son port’enseigne, qu’il levât haut son étendard, afin qu’il fût planté le premier sur les rampars, comme un signe de la victoire qu’il alloit remporter et de la prise de Bressiere. Les Anglois avoient beau jetter des barils remplis de pierres sur les François, tout ce fracas ne les épouventoit point, et ne fut pas capable de refroidir leur courage et cette martiale obstination qui les faisoit monter les uns après les autres. Les generaux en mentroient l’exemple les premiers. Alain et Jean de Beaumont, Guillaume le Baveux, les seigneurs de Rochefort, de Reths, de Vantadour, de la Hunaudaye, Jean de Vienne, Carenloüet, le chevalier qu’on appelloit le Poursuivant d’amours, Alain de Taillecol, dit l’Abbé de male paye, se surpasserent dans cette chaude occasion, faisans de grands trous dans les vieilles murailles avec leurs piques, et donnans tant de coups dedans que les pierres se deboiterent et croulerent les unes sur les autres. La brêche fut ensuite fort facile à faire. Guesclin, pour achever cette journée, crioit à ses gens : Allons, mes enfans, ces gars sont suppeditez. À cette parole, les François firent un dernier effort, et