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ANCIENS MÉMOIRES

ne put atteindre, tant il gagnoit les devans sur ceux qui le poursuivoient. Il fit dessus une si grande traite qu’il arriva le soir à Montesclaire, dont il sortit bientôt après s’y être un peu raffraichy, tant il apprehendoit que Bertrand ne luy vint tomber sur le corps. Henry, poursuivant toûjours sa victoire, arriva jusqu’à Montesclaire, et se presenta devant cette ville enseignes déployées. Il trouva bon de mettre pied à terre pour se rendre aux barrieres, et tâcher d’engager le gouverneur à luy rendre la place, se persuadant qu’après une si grande victoire cet homme se verroit obligé de céder au torrent. Il ne se trompa pas dans son esperance ; car après qu’il l’eut un peu cajolé en disant qu’il luy sçauroit bon gré s’il luy ouvroit ses portes, et reconnoîtroit fort honnêtement l’obéïssance qu’il attendoit de luy dans ce rencontre ; qu’après avoir pris Tolede et gagné la bataille sur Pierre, il se promettoit qu’il ne balanceroit pas à se donner à luy. Le gouverneur se fit un merite de la necessité dans laquelle il se voyoit de ne luy pas disputer l’entrée de sa ville ; il vint au devant de luy, pour luy en presenter les clefs avec beaucoup de soûmission. Ce prince n’y voulant pas faire un fort long sejour n’y coucha qu’une nuit seulement, et pour recompenser le Besque de Vilaines qui l’avoit si bien servy jusqu’alors, il luy fit present du domaine de cette place.

Le lendemain toutte l’armée d’Henry décampa de là pour continuer sa marche et s’assurer de tous les forts qu’elle pouroit rencontrer sur sa route. Ce prince encourageoit tout le monde à bien faire, promettant de grandes recompenses à ceux qui se signaleroient