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OBSERVATIONS

aux Mémoires que nous réimprimons, il indiqua lui-même au Roi ce moyen de délivrer les provinces des brigands qui les dévastoient. Nous avons déjà fait remarquer, dans le Précis qui précède ces Mémoires, que dès l’année 1362, Henri Transtamare avoit pris les grandes compagnies à sa solde, moyennant un subside que la France devoit fournir. Les chefs des grandes compagnies avoient signé avec lui et avec le maréchal d’Endeneham, ambassadeur du roi Jean, un traité qui nous a été conservé, et qui a pour titre : Tractatus magnarum Compagniarum cum gentibus régis, et dom Henrico de Transtamare. Le royaume devoit être évacué en six semaines ; trente capitaines devoient être donnés en otage, et les chefs, qui avoient traité au nom de tous, s’engageoient à faire jurer, tenir, entériner et accomplir la convention à tous leurs gens d’armes et à chacun d’eux. Cependant le traité n’avoit point eu de suite, et la France étoit trop affoiblie pour qu’on pût forcer les grandes compagnies à l’exécuter. Mais comment supposer que Charles v, se trouvant en paix avec tous ses voisins, n’ait pas eu l’idée de réaliser les projets de son père ? Non-seulement l’intérêt de son royaume exigeoit qu’il éloignât ces bandes redoutables, mais il lui importoit de venger la mort de Blanche de Bourbon, sa belle-sœur, que Pierre-le-Cruel avoit fait assassiner en 1361, après lui avoir fait éprouver toutes sortes d’outrages depuis 1352, époque à laquelle il l’avoit épousée.

Dès l’année 1362, plusieurs autres expéditions avoient déjà été proposées aux chefs des grandes compagnies. On avoit tenté vainement de les décider à entreprendre une croisade ; ils avoient refusé d’aller en