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SUR DU GUESCLIN.

étrange carnage quand il étoit aux mains dans une mêlée ; qu’il avoit abandonné le party du prince de Galles, dont il s’étoit auparavant reconnu vassal par l’hommage qu’il luy avoit fait, et que cette perfide defection diminuoit beaucoup les forces de leur party, où la présence de Clisson avoit toûjours été d’un grand poids.

Hugues de Caurelay prenant le premier la parole, avoüa que Bertrand étoit le premier capitaine de son siecle, dont il avoit éprouvé cent fois la valeur et l’experience pour avoir souvent partagé les perils de la guerre avec luy ; qu’ils avoient toûjours eu, durant tout ce temps, de grandes liaisons d’intelligence et d’amitié ; mais que les interests de son prince luy devans être plus chers que ceux de son amy particulier, il falloit songer aux moyens de vaincre un ennemy si redoutable ; et que, pour y parvenir, il croyoit qu’il étoit important de tirer de touttes les garnisons voisines le plus qu’ils pouroient de soldats pour renforcer leurs troupes, afin de se mettre en état de faire un plus grand effort contre les François ; et que Cressonval et luy pouroient fort bien faire cette manœuvre tandis qu’on envoyeroit un trompette à Bertrand pour luy demander bataille, et marquer un jour de concert avec luy dans lequel les deux armées en viendroient aux mains. Cet avis étoit si judicieux et si sensé, qu’il fut universellement reçu de tout le monde. Thomas de Granson fut le premier à le goûter, et tous les seigneurs y donnèrent ensuite les mains. Cressonval avec Hugues de Caurelay, furent secrettement détachez pour aller dans les places, assembler le plus qu’ils pouroient de monde et l’en tirer