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du monde entier ne seroit pas suffisant : la seconde, d’autant que l’expérience du passé rendroit sage pour l’avenir, et que Sa Majesté donneroit à la vertu et au mérite les charges, non à la recommandation des grands.

Quant à la proposition d’éteindre la vénalité, il n’y avoit personne qui ne l’agréât ; Premièrement, parce que c’étoit ce qui augmentoit le nombre au préjudice du pauvre peuple, aux dépens duquel ils vivent, et, s’exemptant de la part qu’ils devoient porter de leurs charges, le laissent tellement opprimer, qu’il ne peut plus payer les tailles et subvenir aux nécessités de l’État.

Secondement, parce que cela donne lieu non-seulement à l’augmentation des épices, ce qui va à la ruine des oppressés, mais à l’anéantissement de la justice même, ceux qui les achètent semblant avoir quelque raison de ne penser qu’à chercher de la pratique, pour gagner et vendre en détail à la foule des particuliers ce qu’ils ont acheté en gros.

Et en troisième lieu, parce que, par ce moyen, l’or et l’argent ravit à la vertu tout ce qui lui est dû, savoir est l’honneur, qui est l’unique récompense qu’elle demande. Et l’exemple qu’on apporte qu’en la république de Carthage toutes les charges se vendoient, et que la monarchie romaine n’en étoit pas entièrement exempte, n’est pas tant une raison qu’un témoignage de l’ancienneté de cette corruption dans l’État, laquelle Aristote, en sa Politique, blâme en la république de Carthage, et les plus sages et vertueux empereurs romains ne l’ont pas voulu souffrir. Et nous n’avons pas besoin d’autre preuve pour