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trancher la tête ; soit qu’ayant été cause de le mettre en cet état, le regret du mal qu’il en avoit reçu le portât à en parler ainsi ; soit que la malice de la nature de l’homme se fît voir en ses paroles, laquelle fait que nous voudrions que tout le monde pérît pour nous, et que nous portons envie à ceux qui ne sont pas participans à notre mal.

Il le pria en même temps de supplier la Reine de le mettre en liberté, et la maréchale de se jeter à ses pieds pour l’obtenir : tant les grands croient que tout leur est dû, quelque mauvais traitement qu’ils fassent aux hommes, et que leurs offenses ne désobligent point.

Il lui dit que si on lui pensoit faire son procès il ne répondroit point ; et une autre fois encore qu’il désira parler à lui, il lui répéta la même chose ; mais que si la Reine lui vouloit faire donner parole de sa délivrance par le maréchal d’Ancre et le sieur de Thémines, il découvriroit toutes les cabales que lui et ceux de son parti avoient faites contre le Roi : ce qui ne témoignoit pas tant de générosité et de courage qu’une personne de sa condition devoit avoir.

La Reine fit une réponse sage et digne d’elle : qu’elle n’en vouloit pas apprendre davantage qu’elle en savoit, et qu’elle aimoit mieux oublier le passé que de s’en rafraîchir la mémoire.

Il dit une autre fois au maréchal de Thémines, qui le rapporta à la Reine, qu’elle ne l’avoit prévenu que de trois jours, et que, si elle eût attendu davantage, le Roi n’auroit plus la couronne sur la tête : ce qui, dit en l’état auquel il se trouvoit, témoignoit assez