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vante. Luynes commença à représenter au Roi que l’autorité royale étoit en la personne dudit maréchal, qu’elle ne résidoit en Sa Majesté que de nom, et que, pour se fortifier en ses mauvais desseins, il éloignoit la Reine sa mère de la bienveillance qu’elle lui devoit.

Le Roi étant tombé malade à la Toussaint d’une espèce d’évanouissement, la Reine, qui étoit aux Feuillans, accourt incontinent au Louvre, tout effrayée : le Roi, qui se portoit mieux, ne fut néanmoins entièrement guéri que trois ou quatre jours après. La Reine parlant souvent de cette maladie, du Vair, qui étoit encore lors garde des sceaux, et soupçonnoit que ce fût un autre mal que ce n’étoit, dit qu’il étoit à craindre qu’il ne recommençât au printemps. Cela fit que plusieurs fois la Reine, parlant au sieur Herouard, premier médecin du Roi, lui disoit qu’elle avoit peur que Sa Majesté ne retombât malade au printemps. Luynes prit occasion de là de dire au Roi que l’on tramoit quelque chose contre lui, qui devoit s’exécuter au printemps, et que l’on disoit qu’il lui pourroit bien mésavenir en ce temps-là. Il donnoit quant et quant à entendre au Roi que tous ces princes n’étoient persécutés que pour l’amour du maréchal d’Ancre, qu’ils étoient passionnés pour Sa Majesté, et qu’ils avoient témoigné un déplaisir indicible de sa maladie.

Ces choses firent effet en l’esprit du Roi, et tel que M. de Gesvres dépêcha exprès à Soissons à M. de Mayenne, pour lui faire savoir, non de la part du Roi, mais comme de lui-même, la bonne volonté que Sa Majesté lui portoit, et qu’elle avoit eu quel-

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