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ner en crimes auprès du Roi, n’en oublia aucune qu’il ne lui fît paroître noire, procéder d’un mauvais principe, et tendre à une mauvaise fin. Il lui représente qu’il fait le roi, a un pouvoir absolu dans le royaume, se fortifie contre l’autorité de Sa Majesté, et ne veut ruiner les princes que pour recueillir en lui seul toute la puissance qu’ils avoient, et disposer de sa couronne à sa discrétion lorsqu’il n’y aura plus de personnes assez hardies pour contrevenir à ses volontés ; qu’il possède l’esprit de la Reine sa mère, qu’il incline son cœur vers Monsieur, son frère, plus que vers lui ; qu’il consulte sur sa vie les astrologues et les devins ; que le conseil est tout à sa dévotion, et n’a autre but que son avancement ; que, quand on demande de l’argent pour les menus-plaisirs du Roi, il ne s’en trouve point. Il aposte un des siens qui feignit avoir demandé six mille livres pour meubler une maison que le Roi avoit achetée sous le nom de du Buisson, et qu’il en avoit été honteusement refusé. Il n’eut même point de honte de supposer par le ministère de Déageant des lettres de Barbin pleines de desseins contre sa personne sacrée, et enfin ajouta qu’il étoit venu en diligence de Normandie, et que ce retour précipité n’étoit pas sans dessein périlleux contre Sa Majesté et préjudiciable à son État, et fait entretenir le Roi de ces choses les nuits entières par Tronçon et Marsillac.

En même temps qu’il donnoit au Roi de mauvaises impressions contre le maréchal d’Ancre, il faisoit le même contre la Reine, donnant jalousie au Roi du pouvoir absolu qu’elle auroit lorsqu’elle seroit venue à bout des grands du royaume, qui étoient réduits