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service. Barbin le lui déconseilla à cause de l’assemblée des notables, ne jugeant pas à propos qu’elle parlât de venir en cette rencontre, de peur qu’il semblât qu’elle prît exprès ce temps-là pour faire éclater ses plaintes par tout le royaume. Mais l’assemblée étant terminée à la fin de l’année, dès le commencement de celle-ci, elle pensa exécuter son dessein, et en écrivoit à Barbin, et Barbin à elle.

Elle avoit envie d’attendre quelque temps, soit par l’irrésolution ordinaire aux femmes, que la peur retient lorsqu’elles sont sur le point d’exécuter ce qu’elles ont entrepris, soit pour ce que le sieur de Luynes parlant d’envoyer le sieur de Cadenet pour la voir au nom du Roi, elle espéroit de recevoir de lui quelque remède. Le désir extrême qu’elle en avoit donnoit lieu à la tromperie de cette espérance, quoiqu’elle sût, d’autre côté, que Déageant n’avoit point de honte de dire qu’il se perdroit plutôt que de permettre qu’elle revînt auprès du Roi.

Barbin lui manda qu’elle ne devoit point différer davantage, ni attendre la venue de Cadenet, telles gens faisant parler Sa Majesté comme ils vouloient, ne lui disant rien de la part du Roi que ce que bon leur sembloit, et ne rapportant rien au Roi de ce qu’elle leur disoit que ce qui faisoit à leurs desseins ; que les lettres qu’elle écriroit à Sa Majesté ne pourroient pas être déguisées comme leurs paroles ; que difficilement l’empêcheroient-ils de les lire, et que ce que disoit Déageant lui faisoit connoître qu’il étoit temps qu’elle agît.

M. de Rohan la servoit en cela avec grande affection, et communiquoit avec M. de Montbazon, beau--