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se promener dans le parc, sans montrer aucune inquiétude ; et la nuit se passa sans qu’on vît aucune marque du dessein du parlement. Il y eut seulement vingt hommes à cheval ou environ, fort mal montés, qui parurent rôder autour du parc. Elle avoit déjà regagné Gorrein ; et croyant avoir besoin de lui, elle lui manda de se tenir prêt à Portmore, et que peut-être il la verroit bientôt dans sa place. Elle ordonna aussi des relais sur les chemins, en cas qu’elle fût forcée de fuir ; mais ne le voulant faire qu’à l’extrémité, elle ne se hâta point, et crut qu’il suffisoit de se tenir en état de n’être pas surprise. Elle envoya chercher milord Damby, et lui dit d’envoyer chez ses amis, afin d’avoir cent gentilshommes pour se tenir auprès d’elle : ce qui fut fait aussitôt. Afin que cette précaution ne parût point, la Reine vint à Hamptoncourt, pour s’approcher d’un gentilhomme voisin de cette maison, qui avoit toujours une grande quantité de beaux chevaux chez lui. On y mit ceux de la Reine, afin de les tenir prêts ; et après avoir donné les ordres nécessaires à sa sûreté, elle se tint en repos, et on l’y laissa sans la troubler. Au contraire, on lui fit de grandes excuses de ce commandement extraordinaire qui avoit été envoyé dans son village, et chaque membre du parlement nia d’en savoir quelque chose.

Pendant cet intervalle la Reine tâcha de gagner des créatures au Roi son mari : il y en avoit plusieurs qui témoignoient vouloir rentrer en leur devoir. Elle ramena à son service le maire de la ville de Londres, et celui-ci avec les autres firent que le Roi à son retour d’Écosse, d’où il revint sans beau-