Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/32

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dinal de Richelieu crut avoir sujet de se plaindre d’elle en son particulier ; et quoique ce ne fût point pour les intérêts de sa maîtresse, qui n’eurent point de part à sa disgrâce, elle en fut assez bien traitée par le don qu’elle lui fit de deux charges aussi considérables qu’étoient celles qu’elle venoit de recevoir. On crut quelle avoit beaucoup de crédit auprès d’elle. Les premiers jours de son retour, tant de gens la furent visiter, que je lui ai ouï dire à elle-même qu’ayant gardé le lit, elle avoit été si long-temps appuyée sur ses coudes, occupée à saluer ceux qui l’étoient venue voir, qu’ils en avoient été écorchés. On en fit autant et plus à madame de Chevreuse, comme à celle qui avoit régné dans le cœur de la Reine, et qui dans toutes ses disgrâces avoit toujours conservé ses intelligences avec elle, et avoit paru posséder entièrement son amitié. On y pouvoit ajouter les obligations de ses souffrances, qui l’avoient menée promener par toute l’Europe ; et quoique ses voyages eussent servi à sa gloire et à lui donner le moyen de triompher de mille cœurs, ils étoient tous, à l’égard de la Reine, des chaînes qui la dévoient lier à elle plus étroitement que par le passé. Mais les choses de ce monde ne peuvent pas toujours demeurer en même état. Cette vicissitude, naturelle à l’homme, fit que la duchesse de Chevreuse, qui étoit appréhendée et mal servie par ceux qui prétendoient au ministère, ne trouva plus en la Reine ce qu’elle y avoit laissé ; et ce changement fit aussi que la Reine de son côté ne trouva plus en elle les mêmes agrémens qui l’avoient autrefois charmée. La souveraine étoit devenue plus sérieuse et plus dévote, et la favorite étoit demeurée