Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/37

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ment en des termes de mépris qui dévoient l’offenser, et l’offensèrent en effet. Car comme elle commençoit à s’attacher à ce ministre et à se détacher des autres, elle ne pouvoit souffrir que ceux qu’elle considéroit eussent des sentimens différens des siens : et madame de Hautefort, par cette raison, commençoit à lui déplaire. Cette princesse étant donc au Louvre dans son grand cabinet, les fenêtres ouvertes à cause du grand chaud, et ce lieu sans lumière, elle appela Beringhen et mademoiselle de Beaumont. Cette fille avoit été à la reine d’Angleterre, et depuis son retour en France elle avoit trouvé le moyen d’entrer dans la confiance de la Reine, pour avoir eu part à l’amitié de madame de Hautefort. La Reine leur fit de grandes plaintes de leur amie : car Beringhen l’aimoit aussi. Elle blâma son procédé, et l’aversion qu’elle montroit à lui obéir elle leur dit qu’elle ne pouvoit plus souffrir son emportement à censurer les actions et le choix qu’elle avoit fait du cardinal Mazarin, et leur ordonna de lui en dire quelque chose, afin qu’elle se corrigeât et devînt plus raisonnable. Ces deux personnes, qui étoient fâchées de ce désordre, et qui ne vouloient pas se brouiller à la cour, blâmèrent madame de Hautefort, et louèrent la bonté et la patience de la Reine. Nous pouvons dire nos avis à nos maîtres et à nos amis mais quand ils se déterminent à ne les pas suivre, nous devons plutôt entrer dans leurs inclinations que suivre les nôtres, quand nous n’y connoissons point de mal essentiel, et que les choses par elles-mêmes sont indifférentes. Il est difficile de savoir en de telles occasions ce qui a plus de raison ou ce qui sera le meilleur, et la volonté de