Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/63

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Essuyez vos beaux yeux,
Coligny se porte mieux.
S’il a demandé la vie,
Ne l’en blâmez nullement,
Car c’est pour être votre amant
Qu’il veut vivre éternellement.


Ce combat donna beaucoup de gloire au duc de Guise, qui en méritoit par sa valeur et par son esprit ; mais il avoit une légèreté qui le rendoit méprisable : car outre qu’il ne s’appliquoit point au soin de sa grandeur, et qu’en toute sa conduite on voyoit manquer la prudence, il a donné de si grandes marques de sa légèreté, soit dans la galanterie, soit dans l’amour légitime, qu’une femme ne sauroit jamais le louer sans manquer à ce qu’elle doit à son sexe. Il avoit été, dans ses premières années, amoureux de la princesse Anne de Gonzague ; il lui avoit promis qu’il seroit son mari, et, sur ses promesses, elle crut qu’il l’épouseroit ; mais il la laissa bientôt après dans la liberté d’en prendre un autre. Cette princesse avoit de la beauté et de grands charmes dans l’esprit : si bien qu’il ne lui fut pas difficile de prendre un autre parti. Peu d’années après elle épousa le prince palatin, fils du roi de Bohême ; et nous la verrons pendant cette régence, sous le nom de la princesse palatine, faire de grandes choses, et avoir part dans beaucoup d’événemens à la cour. Le duc de Guise, après avoir manqué à cette princesse, s’en alla en Flandre, où il épousa publiquement la comtesse de Bossu. Le mariage fut célébré par un évêque, parent de la dame : il lui mangea cinquante mille écus pendant son exil, et ensuite il s’en dégoûta. Il étoit alors revenu en France, où il ne