Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

audience. Monsieur n’étoit point encore parti pour l’armée : il étoit à une de ses maisons ; et le cardinal Mazarin étoit allé faire une petite course pour voir le cardinal de Valençay qui venoit de Rome, et à qui on avoit défendu d’approcher de Paris.

La Reine étoit au lit, seule dans le Palais-Royal. J’avois l’honneur d’être alors auprès d’elle. On lui vint dire que le parlement venoit en corps à pied, pour lui faire des remontrances sur l’affaire du président Barillon. Il étoit assez aisé de voir que le dessein de cette compagnie étoit d’émouvoir le peuple ; et les premières personnes qui en donnèrent avis m’en parurent effrayées. La Reine, qui avoit l’ame ferme et qui ne s’étonnoit pas aisément, n’en témoigna nulle inquiétude : elle envoya chercher le président de Bailleul, surintendant des finances, assez aimé dans son corps ; et sans vouloir qu’on leur fermât la porte, comme quelques-uns lui conseillèrent, elle les envoya recevoir sous l’arcade qui sépare les deux voûtes. Elle leur manda, par son capitaine des Gardes et par le surintendant, qu’elle ne trouvoit pas bon qu’ils fussent venus sans sa permission et sans demander audience ; qu’ils devoient retourner au lieu d’où ils étoient partis, et qu’ayant pris médecine, elle ne les pouvoit voir. Il fallut qu’à leur honte ils fissent ce qu’elle leur commanda ; et la Reine se moqua de moi de ce que ces barbons m’avoient fait une grande peur, et de ce que je fus d’avis qu’on envoyât chercher le maréchal de Gramont, mestre-de-camp du régiment des Gardes, afin d’avoir de quoi se défendre, si le peuple eût voulu se mettre de la partie. On leur donna quelques jours après l’audience qu’ils demandoient ;