Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/90

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ses déplaisirs. Quoique plusieurs personnes aient voulu dire qu’elle en étoit la cause, on verra dans cette relation des preuves de sa générosité, et du zèle qu’elle a eu pour tâcher de remédier aux maux qui ont affligé ce grand royaume, qui étoit, lorsqu’elle y a été reçue, le plus florissant de l’Europe, et le soin qu’elle a pris d’apaiser les différens mouvemens qu’on y avoit suscités : et je ne vois pas que ceux qui prétendent qu’elle a fait de si grandes fautes en citent aucune considérable, excepté une qu’elle m’a avouée ingénument ; et quand elle en auroit fait un plus grand nombre, il n’y en pouvoit pas avoir qu’on pût penser devoir attirer ni sur elle, ni sur le Roi son mari, ni sur tous ses peuples, une si grande punition que de violer le caractère que Dieu imprime sur les personnes des rois, et le bouleversement d’un si grand royaume. Pour sa conduite particulière, je n’en puis rien savoir ; mais s’il est vrai qu’elle en ait manqué, pour l’ordinaire il n’y a rien qui nous soit plus inconnu que nos propres défauts ; et quand nous les voyons, nous n’avons pas assez de sincérité pour en convenir, et nous ne sommes pas obligés de les apprendre à ceux qui les ignorent, puisque nous sommes obligés de cacher ceux des autres. Mais je suis persuadée, à l’égard de la reine d’Angleterre, qu’elle m’a fait l’honneur de me dire les choses qui lui sont arrivées de la manière quelle les a vues et comme elle les a comprises : et quant à ce qu’elle a bien voulu y joindre par tradition pour l’avoir appris dans sa cour, elle me l’a voulu dire, à cause qu’elle a cru être obligée de me le faire savoir, pour rappeler en sa mémoire les grands périls qu’elle a évités : ce qui fait