Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
DU CARDINAL DE RETZ.

lois, l’anéantissement de ce milieu qu’elles ont posé entre les rois et les peuples, l’établissement de l’autorité purement et absolument despotique, sont ceux qui ont jeté originairement la France dans ces convulsions dans lesquelles nos pères l’ont vue. Le cardinal de Richelieu la traita comme un empirique, avec des remèdes violens qui lui firent paroître de la force, mais une force d’agitation qui en épuisa le corps et les parties. Le cardinal Mazarin, comme un médecin très-inexpérimenté, ne connut point son abattement : il ne la soutint point par les secrets chimiques de son prédécesseur ; il continua de l’affoiblir par des saignées ; elle tomba en léthargie, et il fut assez malhabile pour prendre ce faux repos pour une véritable santé. Les provinces, abandonnées à la rapine des surintendans, demeuroient abattues et assoupies sous la pesanteur de leurs maux, que les secousses qu’elles s’étoient données de temps en temps sous le cardinal de Richelieu n’avoient fait qu’augmenter et aigrir. Les parlemens, qui avoient tout nouvellement gémi sous la tyrannie, étoient comme insensibles aux misères présentes, par la mémoire encore trop vive et trop récente des passées. Les grands, qui pour la plupart avoient été chassés du royaume, s’endormoient paresseusement dans leurs lits, qu’ils avoient été ravis de retrouver. Si cette indolence générale eût été ménagée, l’assoupissement eût peut-être duré plus long-temps : mais comme le médecin ne le prenoit que pour un doux sommeil, il n’y fit aucun remède. Le mal s’aigrit, la tête s’éveilla ; Paris se sentit, il poussa des soupirs ; l’on n’en fit point de cas : il tomba en frénésie. Venons au détail.