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[1649] MÉMOIRES

l’amiral de Coligny auroient balancé. Vous serez bien plus surprise quand je vous aurai dit que je suis encore à deviner son motif ; que monsieur son frère et madame sa belle-sœur m’ont juré que tout ce qu’ils en savoient étoit que ce ne fut point à leur considération ; et que mademoiselle de Bouillon, qui étoit son unique confidente, ou n’en a rien su, ou en a toujours fait un mystère. La manière dont il se conduisit dans cette déclaration, qu’il ne soutint que quatre ou cinq jours, est aussi fort surprenante. Je n’en ai jamais rien pu tirer de clair, ni de lui ni de ceux qui lui manquèrent. Il a fallu un mérite aussi éminent que le sien, pour n’être pas obscurci par un événement de cette nature et cet exemple nous apprend que la malignité des âmes vulgaires n’est pas toujours assez forte pour empêcher le crédit que l’on doit faire en beaucoup de rencontres aux extraordinaires.

Je reprends le fil du discours que je faisois à M. et à madame de Bouillon quand le courrier de M. de Turenne nous interrompit. « Mon avis est que les Espagnols s’engagent à s’avancer jusqu’à Pont-à-Verre, et à n’agir, au moins en deçà de ce poste, que de concert avec nous ; que nous ne fassions aucune difficulté de nous engager à ne poser les armes que lorsque la paix générale sera conclue, pourvu qu’ils demeurent aussi dans la parole qu’ils ont fait porter au parlement, qu’ils s’en rapporteront à son arbitrage. Cette parole n’est qu’une chanson ; mais cette chanson nous est bonne, parce qu’il ne nous sera pas difficile d’en faire quelque chose de solide. Il n’y a qu’un quart-d’heure que mon sentiment n’étoit pas que nous allassions si loin avec les Espa-