Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

pis. Comme il y avoit eu des particuliers qui avoient fait du bruit dans les assemblées de l’hôtel-de-ville, à cause de l’intérêt qu’ils avoient dans les rentes ils appréhendoient d’en être recherchés ; et ils souhaitèrent, peu de temps après que M. le prince fut arrêté, que j’obtinsse une amnistie. J’en parlai à M. le cardinal, qui n’en fit aucune difficulté, et qui me dit même dans le grand cabinet de la Reine, en me montrant le cordon de son chapeau qui étoit à la Fronde : « Je serai moi-même compris dans cette amnistie. »

Au retour de ces voyages du Roi, ce ne fut plus cela. Il me proposa une abolition, dont le titre seul eût noté cinq ou six officiers du parlement qui avoient été syndics et peut-être mille ou deux mille des plus notables bourgeois de Paris. Je lui fis faire ces considérations, qui paroissoient n’avoir point de réplique. Il contesta, il remit, il éluda ; il fit les deux voyages de Normandie et de Bourgogne sans rien conclure et quoique M. le prince eût été arrêté dès le 18 janvier, l’amnistie ne fut publiée et enregistrée au parlement que le 12 mai. Encore ne fut-elle obtenue que sur ce que je fis entendre que, si on ne me l’accordoit pas, je poursuivrois à toute rigueur la justice contre les témoins à brevet : chose que l’on appréhendoit au dernier point, parce que dans le fond il n’y avoit rien de si honteux. Ils en étoient si convaincus, que Canto et Pichon avoient disparu même avant que M. le prince fût arrêté.

Nous eûmes presque au même temps un autre démêlé sur le sujet des rentes de l’hôtel-de-ville, où d’Emery, qui ne vécut pas long-temps après, n’oublioit rien de tout ce qui pouvoit altérer les rentiers,