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[1650] MÉMOIRES

voit plus que dans les Vies de Plutarque, avoit soutenu le parti du roi d’Angleterre dans son pays, avec une grandeur d’ame qui n’en avoit point de pareille en ce siècle. Il battit les parlementaires, quoiqu’ils fussent victorieux partout ailleurs ; et il ne désarma qu’après que le Roi son maître se fut jeté lui-même entre les mains de ses ennemis. Il vint à Paris un peu avant la guerre civile, et je fis connoissance avec lui par un Écossais qui étoit à moi, et qui se trouvoit un peu son parent. Je trouvai lieu de le servir dans son malheur : il prit de l’amitié pour moi, et cette amitié l’obligea de s’attacher à la France plutôt qu’à l’Empire, quoique l’Empire lui offrît l’emploi de feld-maréchal, qui est une charge très-considérable. Je fus l’entremetteur des paroles que M. le cardinal lui donna, et qu’il n’accepta que pour le temps où le roi d’Angleterre n’avoit pas besoin de son service. Il fut en effet redemandé quelques jours après par un billet de sa main qu’il porta au cardinal, qui le loua de son procédé, et lui dit en termes formels que l’on demeureroit fidèlement dans les engagemens qui avoient été pris.

Milord Montross repassa en France deux ou trois mois après que M. le prince eut été arrêté, et amena avec lui près de cent officiers, la plupart gens de qualité, et tous de service. M. le cardinal ne le connut plus alors. Ne trouvez-vous pas que je n’avois point sujet d’être satisfait ? Je travaillai néanmoins de bonne foi à suppléer dans le parlement et dans le peuple à toutes les fausses démarches que l’ignorance du cardinal et l’insolence de Servien leur firent faire en plus de dix rencontres. J’en couvris la plupart ; et s’il