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[1650] MÉMOIRES

neur, la défendit très-bien ; et le comte de Clermont, cadet de Tonnerre, s’y signala. Le siège dura dix-huit jours, et le manquement de vivres obligea l’archiduc à le lever. M. de Turenne avoit fait quelques troupes avec l’argent que les Espagnols venoient de lui accorder par son traité, et les avoit grossies du débris de celles qui avoient été dans Bellegarde. La plupart des officiers de celles qui étoient sous le nom de messieurs les princes l’avoient joint avec messieurs de Boutteville, de Coligny, de Langres, de Duras, de Rochefort, de Tavannes, de Persan[1], de La Moussaye, de La Suze, de Saint-Ibal, de Cugnac, de Chavagnac[2], de Guitaut[3], de Mailli, de Meille, les chevaliers de Foix-et Gramont, etc.

Cette nuée qui grossissoit devoit faire faire réflexion à M. le cardinal sur l’état de la Guienne, où la pitoyable conduite de M. d’Epernon avoit jeté les affaires, que rien ne pouvoit démêler que son éloignement : Mille démêlés particuliers, dont la moitié ne venoit que de la ridicule chimère de sa principauté roturière, l’avoient brouillé avec le parlement et avec les magistrats de Bordeaux, qui pour la plupart n’étoient pas plus sages que lui. Mazarin, qui à mon sens étoit en cela plus fou, encore que tous les deux, prit sur le compte de l’autorité. ; royale tout ce qu’un habile ministre eût pu imputer, sans inconvéniens et même à l’avantage du Roi, aux deux partis.

Un des plus grands malheurs que l’autorité despotique des ministres du dernier, siècle, ait causés dans

  1. … de Vaudetar, marquis de Persan. (A. E.)
  2. Gaspard, comte de Chavagnac. (A. E.)
  3. Guitaut : Guillaume de Comminges. On l’appeloit le petit Guitaut, pour le distinguer du capitaine des gardes.