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[1650] MÉMOIRES

se déclarer (ils ne persistèrent pas), et que toute la province étoit prête à se soulever. La consternation du cardinal fut extrême il se recommanda même aux moindres frondeurs et cela avec des bassesses que je ne vous puis exprimer. Monsieur demeura à Paris avec le commandement ; la cour lui laissa M. Le Tellier pour surveillant. M. le garde des sceaux et M. le premier président entroient au conseil. On m’y offrit place, et je ne jugeai pas à propos de l’accepter. Tout le monde sans exception s’y trouva fort embarrassé, parce que nous y demeurâmes dans un état où il étoit impossible de ne pas broncher de côté ou d’autre à tous les pas. Vous en verrez le détail après que je vous aurai dit un mot du voyage de Guienne.

Aussitôt que le Roi fut à la portée, M. de Saint-Simon, gouverneur de Blaye, qui avoit branlé, vint à la cour ; et M. de La Force, avec qui M. de Bouillon avoit aussi traité, demeura dans l’inaction ; mais Degnon[1], qui commandoit dans Brouage et qui devoit toute sa fortune au feu duc de Brezé, s’en excusa sous prétexte de la goutte. Les députés du parlement de Bordeaux furent au devant de la cour à Libourne. On leur commanda avec hauteur d’ouvrir leurs portes, pour y recevoir le Roi avec toutes ses troupes. Ils répondirent qu’un de leurs priviléges étoit de garder la personne des rois quand ils étoient dans leur ville. Le maréchal de La Meilleraye s’avança entre la Dordogne et la Garonne il prit le château de Vaire, où Pichon

    de Louis XII, et il mourut en de quatre-vingt-cinq ans. (A. E.)

  1. Louis Foucaut comte Du Dognon gouverneur de Brouage, et créé maréchal de France en 1653. Il mourut en 1659. (A. E.)