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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

contre le faux Caton (c’est ainsi qu’il appela le garde des sceaux) ; et il me témoigna être satisfait de ce que j’avois dit à Monsieur. Nous nous connoissions peu ; et comme il étoit frère de M. le président de Mesmes, avec qui j’étois fort brouillé à cause des affaires publiques, le peu d’habitude que nous avions eu ensemble avant les troubles étoit comme perdu. La sincérité avec laquelle je parlois à Monsieur contre les sentimens de Le Tellier lui plut, et lui donna lieu d’entrer en matière avec moi sur la paix, pour laquelle je suis persuadé qu’il eût donné sa vie du meilleur de son cœur. Il le fit bien voir à Munster, où, si M. de Longueville eût eu la fermeté, nécessaire, il l’eût donnée à la France malgré les artifices du ministre, avec plus de gloire et d’avantage pour la couronne que dix batailles ne lui en eussent pu apporter. Il me trouva, dans la conversation dont je vous parle, si conforme à ses sentimens, qu’il m’en aima toujours depuis, et qu’il eut même souvent sur ce point des contestations avec ses frères.

Verderonne revint, et il ramena avec lui don Gabriel de Tolède, qui avoit une lettre de l’archiduc à Monsieur, par laquelle il le prioit que l’assemblée se fît entre Reims et Rhetel, et que Monsieur et lui y traitassent personnellement, en choisissant toutefois ceux qu’il leur plairoit de part et d’autre pour les assister. Le courrier dépêché à la cour arriva aussi et il sembloit que le ciel alloit bénir ce grand ouvrage quand toutes les espérances s’évanouirent de la manière la plus surprenante.

La cour fut surprise et affligée de la proposition de l’archiduc, parce que dans la vérité Servien avoit