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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

manquement du secret, fût capable de se laisser entamer par l’homme du monde qu’il connoissoit pour en avoir le moins. Je me trompois toutefois : car Monsieur, qui véritablement ne lui avoit pas avoué qu’il traitât avec le parti des princes par les frondeurs, avoit fait presque pis en lui découvrant que les frondeurs y traitoient pour eux-mêmes ; qu’ils lui avoient voulu persuader de faire la même chose ; qu’il l’avoit refusé ; et qu’au fond il ne vouloit entrer que conjointement avec la cour, dans l’opinion que la cour y marcheroit de bon pied.

Le premier président et le maréchal de Gramont qui agissoient de concert se firent honneur de cette importante nouvelle auprès de Viole, de Croissy et d’Arnauld, pour les empêcher de prendre aucune confiance aux frondeurs, dont enfin la principale considération consistoit en Monsieur. Jugez de l’effet de ce contre-temps si les mesures que j’avois prises avec madame la palatine ne l’eussent sauvé ! Elle s’en servit finement cinq ou six jours durant, pour brouiller ce que l’impétuosité de Viole avoit un peu trop éclairci. Quand elle eut fait ce qu’elle désiroit et qu’elle crut que çomœdia in çomœdiâ n’étoit plus de saison, elle se servit encore plus finement du dénouement de la pièce, tel que vous l’allez voir.

Nous jugeâmes à propos, madame la palatine et moi, que je m’expliquasse à Monsieur, pour empêcher qu’une autre fois de pareils malentendus n’arrivassent, qui eussent été capables de déconcerter les mesures les mieux prises. Je lui parlai avec liberté je me plaignis avec ressentiment il en eut regret. Il me paya d’abord de fausse monnoie, en me disant