Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

ment ce que la cardinal avoit dit au Roi touchant la chambre basse de Londres, Fairfax et Cromwell. Elle crut que ce discours, rapporté au nom de Monsieur, l’engageroit encore davantage. Elle avoit raison. Il me le défendit expressément, et, à mon avis, par la même considération : ce qui me fit encore plus juger qu’il attendoit l’événement. Je courus tout le reste de la nuit pour avertir que l’on grondât dans le parlement au commencement de la séance contre la réponse de la Reine, qui étoit véritablement spécieuse, et qui portoit que bien qu’il n’appartînt pas au parlement de, prendre connoissance de cette affaire, la Reine vouloit bien, par un excès de bonté, avoir égard à ses supplications, et donner la liberté à messieurs les princes. Elle contenoit de plus une promesse positive d’abolition contre tous ceux qui avoient pris les armes. Il n’y avoit pour tout cela que quelques petites conditions préliminaires. C’étoit que M. de Turenne posât les armes ; que madame de Longueville renonçât à son traité avec l’Espagne, et que Stenay et Mouzon fussent évacués. J’ai su depuis que cette réponse avoit été insinuée au Mazarin par le garde des sceaux. Il est constant qu’elle éblouit le premier président, qui la vouloit faire passer pour bonne au parlement le dernier de janvier, qui est le jour auquel il fit la relation de ce qui s’étoit passé la veille au Palais-Royal ; que le maréchal de Gramont, qui la croyoit telle, l’avoit si bien déguisée à Monsieur, qu’il ne pouvoit se persuader qu’elle se pût seulement contrarier ; que le parlement y donna, le même jour que je viens de marquer, presque aussi à l’aveugle que le premier président.