Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
[1651] MÉMOIRES

tous les partisans paroissoient en l’un, et en l’autre s’unir beaucoup avec ceux de la cour.

Vous voyez que j’avois beau jeu ; et d’autant plus que je pouvois presque être d’un sentiment contraire, sans me brouiller en quelque façon avec tous les autres amis que j’avois dans le corps de la noblesse. Je ne balançai pas un moment, parce que je résolus de me sacrifier à mon devoir, et de ne pas corrompre la satisfaction que je trouvois en moi-même à avoir contribué, autant que j’avois fait, et à l’éloignement du cardinal et à la liberté de messieurs les princes : deux ouvrages extrêmement agréables au public ; de ne la pas corrompre, dis-je, par des intrigues nouvelles, et par des subdivisions de parti, qui d’un côté m’éloignoient toujours du gros de l’arbre, et qui de l’autre eussent toujours passé dans le monde pour des effets de la colère que je pouvois avoir contre le parlement. Je dis que je pouvois avoir : car dans la vérité je ne l’avois pas ; et parce que le gros du corps qui étoit toujours très-bien intentionné pour moi songeoit beaucoup plus à donner des atteintes au Mazarin qu’à me faire du mal ; et parce que je n’ai jamais compris que l’on se puisse émouvoir de ce que fait un corps. Je n’eus pas de mérite à ne me pas échauffer mais je crois en avoir eu un peu à ne me pas laisser ébranler aux avantages que ceux qui ne m’aimoient point prirent de ma froideur. Leurs vanteries me tentèrent ; je n’y succombai pas, et je demeurai ferme à soutenir à Monsieur qu’il devoit dissiper l’assemblée de la noblesse ; qu’il ne devoit point s’opposer à la déclaration qui portoit l’exclusion des conseils des cardinaux français ; et que son unique