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[1649] MÉMOIRES

confiance qu’ils avoient en M. de Bouillon, de me sommer de temps en temps de la parole que je leur avois donnée de ne les pas laisser surprendre. J’avois de ma part une raison particulière pour cela, outre mon engagement, par l’amitié que j’avois pour Noirmoutier et pour Laigues, qui auroient trouvé mauvais que je n’eusse pas approuvé leurs raisons pour me faire consentir à l’approche des Espagnols. Mais comme cet engagement ne me paroissoit plus honnête en l’état où étoient les affaires, je n’oubliai rien pour faire que M. de Bouillon trouvât bon que nous ne différassions pas davantage à leur faire ce pont d’or, duquel il s’étoit ouvert à moi. Il remettoit de jour à autre, parce que, négociant comme il faisoit avec la cour par l’entremise de M. le prince, pour la récompense de Sedan, il lui étoit très-bon que l’armée d’Espagne ne se retirât pas encore. Sa probité et mes raisons l’emportèrent, après quelques jours de délais, sur son intérêt. Je dépêchai un courrier à Noirmoutier ; nous parlâmes décisivement aux envoyés de l’archiduc ; nous leur fîmes voir que la paix se pouvoit faire en un quart-d’heure, et que M. le prince pourroit être à portée de leur armée en quatre jours ; que celle de M. de Turenne s’avançoit sous le commandement d’Erlac, dépendant en tout et partout du cardinal. M. de Bouillon acheva de construire, dans cette conversation, le pont d’or qu’il leur avoit promis. Il leur dit que son sentiment étoit qu’ils remplissent un blanc de l’archiduc ; qu’ils en fissent une lettre de lui à M. le prince de Conti, par laquelle il lui mandât que pour faire voir qu’il n’étoit entré en France que pour procurer à la chrétienté la paix générale, et non