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[1649] MÉMOIRES

assez son compte. Cependant je la réparai en quelque manière de concert avec lui, en ajoutant, au rapport que je fis dans le parlement le 22, qu’en cas que l’archiduc ne tînt pas exactement ce qu’il promettoit, M. le prince de Conti et messieurs les généraux m’avoient chargé d’assurer la compagnie qu’ils joindroient sans délai et sans condition toutes leurs troupes à celles du Roi.

J’ai dit que M. de Bouillon trouvoit assez son compte à ce que cette proposition eût été faite par moi, parce que le cardinal qui me croyoit tout-à-fait contraire à la paix, voyant que j’en avois pris la commission presque en même temps que le comte de Maure avoit porté à la conférence celle de son exclusion, ne douta point que ce ne fût une partie que j’eusse liée. Il l’appréhenda plus qu’il ne devoit. Il fit réponse aux députés du parlement, et ceux-ci la firent à la conférence, d’une manière qui marqua que le cardinal en avoit pris l’alarme. Comme ses frayeurs ne guérissoient d’ordinaire que par la négociation qu’il aimoit fort, il donna plus de jour à celle que M. le prince avoit entamée pour M. de Bouillon, parce qu’il le crut de concert avec moi dans la démarche que je venois de faire au parlement. Quand il vit qu’elle n’avoit point de suite il crut que nous avions manqué notre coup, et que la compagnie, n’ayant pas pris feu comme nous l’avions voulu, il n’avoit qu’à nous pousser.

M. le prince, qui étoit bien intentionné pour l’accommodement de M. de Bouillon et de M. de Turenne, manda au premier, par un billet, qu’il avoit trouvé le cardinal changé absolument sur son sujet du soir au matin. Nous en conçûmes fort aisément la raison,