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[1651] MÉMOIRES

Je n’y eus de complaisance pour M. le prince que celle qui ne lui pouvoit plaire. J’applaudissois à tout ce qu’il disoit contre le cardinal, mais je n’oubliois rien de tout ce qui pouvoit éclairer et les négociations et les prétextes : conduite qui étoit d’un grand embarras à un parti dont l’intention n’étoit dans le fond que de s’accommoder avec la cour, par les frayeurs qu’il prétendoit donner au ministre. L’intention de M. le prince étoit très-éloignée de la guerre civile ; celle de La Rochefoucauld, qui gouvernoit madame de Longueville et M. le prince de Conti, étoit toujours portée à la négociation. Les conjonctures obligeoient les uns et les autres à des déclarations et à des déclamations qui eussent pu aller à leurs fins, si ces déclarations et ces déclamations n’eussent été soigneusement expliquées et commentées par les frondeurs, et du côté de la cour et du côté de la ville ; La Reine, qui étoit très-fière ne prit pas confiance à des avances qui étoient toujours précédées par des menaces. Le cardinal ne prit pas la peur, parce qu’il vit que M. le prince n’étoit plus dominant (au moins uniquement) dans Paris. Le peuple, instruit du dessous des cartes, ne prit plus pour bon tout ce qu’on vouloit lui persuader sous le prétexte du Mazarin, qu’il ne voyoit plus. Ces dispositions jointes à l’avis que M. le prince eut de ma conférence avec Lyonne, et à celui que Le Bouchet lui donna de la marche de deux compagnies des gardes, l’obligèrent de sortir le 6 juillet sur les deux heures du matin de l’hôtel de Condé, et de se retirer à Saint-Maur. Il est constant qu’il n’avoit point d’autre parti à prendre, et que la place n’étoit plus tenable dans Paris pour lui, à moins