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[1651] MÉMOIRES

ple,, qu’il y a toujours de l’inconvénient à s’engager sur des suppositions de ce que l’on croit impossible. Il est pourtant vrai qu’il n’y a presque personne qui en fasse difficulté.

Aussitôt que M. le prince fut à Saint-Maur, il n’y eut pas un homme dans son parti qui ne pensât à l’accommoder avec la cour ; et c’est ce qui arrive toujours dans les affaires où le chef est connu pour ne pas aimer la faction. Un esprit bien sage ne la peut jamais aimer ; mais il est de la sagesse de cacher son aversion, quand on a le malheur d’y être engagé. Téligny, beau-fils de M. l’amiral de Coligny, disoit, la veille de la Saint-Barthelemy que son beau-père avoit plus perdu dans le parti des huguenots, en laissant pénétrer sa lassitude, qu’en perdant les batailles de Moncontour et de Saint-Denis. Voilà donc le premier coup que celui de M. le prince reçut, et d’autant plus dangereux qu’il n’y a peut-être jamais eu de corps auxquels ces sortes de blessures fussent plus mortelles qu’à celui qui composoit son parti. M. de La Rochefoucauld, un des membres les plus considérables par le pouvoir absolu qu’il avoit sur l’esprit de M. le prince de Conti et sur celui de madame de Longueville, étoit dans la l’action ce que M. de Bouillon avoit autrefois été dans les finances. M. le cardinal disoit que celui-ci employoit douze heures du jour à la création de nouveaux offices, et les douze autres à leur suppression ; et Matha appliquoit cette remarque à M. de La Rochefoucauld, en disant qu’il faisoit tous les matins une brouillerie, et que tous les soirs il travailloit à un rhabillement (c’étoit son mot). M. de Bouillon, qui n’étoit nullement cordent de M. le