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[1649] MÉMOIRES

ment, en prônant fortement contre le comte de Grancey, qui avoit été assez insolent pour piller une maison de M. de Coulon ; en insistant, le 24, que l’on donnât permission au prince d’Harcourt de prendre les deniers royaux dans les recettes de Picardie ; en pestant, le 25, contre une trêve qu’il étoit ridicule de refuser dans le temps d’une conférence ; et en m’opposant, le 30, à celle que l’on fit, quoique je susse que la paix étoit faite. Je reviens à la conférence de Saint-Germain.

Vous avez vu que les députés la commencèrent malignement par les prétentions particulières. La cour les entretint adroitement par des négociations secrètes avec les plus considérables, jusqu’à ce que se voyant assurée de la paix, elle en éluda la meilleure partie par une réponse habile. Elle distingua ces prétentions sous le titre de celles de justice et de celles de grâce : elle expliqua cette distinction à sa mode ; et comme le premier président et le président de Mesmes s’entendoient avec elle contre les députés des généraux, quoiqu’ils fissent mine de les appuyer, elle en fut quitte à bon marché et il ne lui en coûta presque rien de comptant ; il n’y eut presque que des paroles, que le Mazarin comptoit pour rien. Il se faisoit un grand mérite de ce qu’il avoit fait évanouir (c’étoient ses termes) avec un peu de poudre d’alchimie cette nuée de prétentions mais vous verrez par la suite qu’il eût fait, sagement d’y mêler un pont d’or.

La cour sortit encore plus aisément de la proposition faite par l’archiduc sur le sujet de la paix générale. Elle répondit qu’elle l’acceptoit avec joie et elle envoya dès le jour, même M. de Brienne[1] au

  1. Henri-Auguste de Loménie de la Ville-aux-Clercs, comte de