Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/332

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mercioit Dieu de sa sortie de Paris ; que cette variation venoit des différens conseils qu’on lui donnoit ; que Servien disoit que l’État étoit perdu, si M. le prince s’éloignoit ; que Le Tellier balançoit ; que l’abbé Fouquet, qui étoit nouvellement revenu de Brulh, l’assuroit que M. le cardinal seroit au désespoir, si elle ne se servoit de l’occasion que M. le prince lui avoit donnée lui-même de le pousser ; que l’aîné Fouquet soutenoit savoir le contraire de science certaine : que tout iroit ainsi, jusqu’à ce que l’ordre de Brulh auroit décidé. La palatine étoit surtout persuadée qu’il y avoit des propositions sous terre, qui aidoient à tenir encore la Reine dans ces incertitudes. Voilà ce que madame la palatine me dit avec précipitation, parce que le temps d’aller au Palais pressoit, et Monsieur avoit déjà envoyé deux fois chez moi. Je le trouvai prêt à monter en carrosse. Je lui rendis compte en fort peu de paroles de ma commission : je lui exposai le fait tout simplement. Il en tira d’abord ce que j’avois prédit à la Reine ; et dès qu’il vit que la parole qu’elle lui faisoit donner n’étoit ni précédée ni suivie d’aucun concert pour agir ensemble dans la conjoncture dont il s’agissoit, il se mit à siffler, et me dit : « Voilà une bonne drogue ! Allons, allons au Palais. — Mais encore, monsieur, lui dis-je, il me semble qu’il seroit bon que Votre Altesse Royale résolût ce qu’elle y dira. — Qui diable le peut savoir ? qui le peut prévoir ? répondit-il. Il n’y a ni rime ni raison avec ces gens-ci. Allons ; et quand nous serons dans la grand’chambre nous trouverons peut-être que ce n’est pas aujourd’hui samedi. Ce l’étoit pourtant, et le 8 juillet 1651. »