Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/338

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l’ai déjà dit, quoiqu’il fût domestique de Monsieur. Je combattis de toute ma force les sentimens de Monsieur, qui dans la vérité étoient plutôt des égaremens de frayeur que des raisonnemens. Je ne l’ébranlai pourtant point ; et j’éprouvai en cette rencontre ce que j’ai observé depuis en d’autres occasions, que la peur, qui est flattée par la finesse, est insurmontable.

Vous ne doutez pas que je ne fusse cruellement embarrassé au sortir de chez Monsieur. Madame la palatine ne le fut guère moins que moi du compliment que je la priai de faire à la Reine de la part de Monsieur. Elle en revint toutefois plus tôt et plus aisément ; en faisant réflexion sur la constitution des affaires qui, dit-elle très-sensément, redresseront les hommes au lieu que, pour l’ordinaire, ce sont les hommes qui redressent les choses. » Madame de Beauvais venoit de lui mander que Métayer, valet de chambre de M. le cardinal, venoit d’arriver de Brulh ; « et peut-être, ajouta-t-elle, cet homme nous apporte-t-il de quoi tout changer en un instant. Elle disoit cela à l’aventure, et dans la seule vue que M. le cardinal ne pourroit jamais rien approuver de tout ce qui se passoit par le canal de Chavigny. Son pressentiment fut une prophétie : car en effet il se trouva que le messager avoit apporté des anathèmes plutôt que des lettres contre les propositions qui avoient été faites ; et que, bien qu’il fût l’homme du monde qui reçût toujours en apparence le plus agréablement ce qu’il ne vouloit pas en effet, il n’avoit gardé dans cette rencontre aucune mesure qui approchât seulement de sa conduite ordinaire : ce que nous attribuâmes, madame la pala-