Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/369

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leur à gages dans le parti des princes. Comme les dames craignent la foule, elles ne sortirent des lanternes qu’après que Monsieur et tout le monde se fut retiré. Elles furent reçues dans la salle avec une huée de vingt ou trente gueux de la qualité de leur chef, qui étoit savetier de sa profession. Mon nom ne fut pas oublié. Je n’appris cette nouvelle qu’à l’hôtel de Chevreuse, où j’allai dîner après avoir ramené Monsieur chez lui. J’y trouvai madame de Chevreuse dans la fureur, et mademoiselle sa fille dans les larmes. J’essayai de les consoler en les assurant qu’elles auroient une prompte satisfaction par la punition de ces insolens, dont je m’offrois de faire faire, dès le même jour, une punition exemplaire. Ces indignes victimes furent rebutées, même avec indignation, de ce qu’elles avoient seulement été proposées. Il falloit du sang de Bourbon pour réparer l’affront qui avoit été fait à celui de Lorraine. (ce sont les propres paroles de madame de Chevreuse) ; et tout le tempérament que madame de Rhodes, instruite par M. de Caumartin, y put faire agréer, fut qu’elles retourneroient le lendemain au Palais si bien accompagnées, qu’elles seroient en état de se faire respecter, et de faire connoître à M. le prince de Conti qu’il avoit intérêt d’empêcher que les gens de son parti ne fissent plus d’insolence. Montrésor, qui se trouva par hasard à l’hôtel de Chevreuse, n’oublia rien pour faire concevoir et sentir aux dames les inconvéniens qu’il y avoit à faire une cause particulière de la publique, dans un moment qui pouvoit attirer et même produire des circonstances aussi extraordinaires et aussi affreuses que celles où un prince du sang pouvoit périr. Quand il vit que tous