Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/373

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eût témoigné la confiance qu’il y devoit prendre, en allant descendre au Palais-Royal plutôt qu’à celui de la Justice ; qu’il ne pouvoit s’empêcher, à la place ou il étoit, de lui faire paroître son étonnement sur cette conduite. M. le prince répondit que la fâcheuse expérience qu’il avoit faite depuis peu dans sa prison devoit empêcher qu’on ne trouvât étrange qu’il ne s’exposât plus sans précaution ; qu’il étoit de notoriété publique que le cardinal Mazarin régnoit plus absolument que jamais dans le cabinet ; que sur le tout il alloit de ce pas conférer avec Monsieur sur ce sujet, et qu’il supplioit la compagnie de ne pas délibérer de ce qui le regardoit qu’en présence de Son Altesse Royale. Il alla ensuite chez Monsieur, à qui il parla de son entrée au parlement comme d’une chose qui avoit été concertée la veille à Rambouillet, où il est vrai qu’ils s’étoient promenés tous deux pour le moins deux ou trois heures. Ce qu’il y a de merveilleux est que Monsieur dit à Madame, au retour de cette conversation, que M. le prince étoit si effarouché (il se servit de ce mot), qu’il ne croyoit pas qu’il put se résoudre à rentrer dans Paris que dix ans après l’enterrement du cardinal et que quand il eut entretenu M. le prince, qui vint chez lui au sortir du Palais, il me dit à moi-même ces propres paroles : « M. le prince ne vouloit pas revenir hier à Paris, il y est aujourd’hui ; et il faut, pour la beauté de l’histoire, que j’agisse avec lui comme s’il y étoit venu de concert avec moi. Il me dit à moi-même que nous le résolûmes hier ensemble. » Vous remarquerez, s’il vous plaît, que M. le prince, à qui j’ai parlé de ce détail sept ou huit ans après, m’a as-