Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/376

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le chevalier de La Vieuville menoit. Elle n’eut que le temps de me dire que je me rendisse en diligence au Palais-Royal. Aussitôt que j’y fus arrivé, la Reine me dit, avec un visage troublé, qu’elle venoit d’avoir avis certain que M. le prince devoit aller le lendemain au parlement, fort accompagné, demander l’assemblée des chambres, et obliger la compagnie à faire insérer dans la déclaration contre le cardinal l’exclusion des sous-ministres, « de laquelle, ajouta-t-elle avec une colère qui me parut naturelle, je ne me soucierois guère s’il n’y alloit que de leurs intérêts ; mais vous voyez, continua-t-elle, qu’il n’y a point de fin aux prétentions de M. le prince, et qu’il va à tout, si on ne trouve moyen de l’arrêter. Il vient d’arriver de Saint-Maur ; et vous m’avouerez que l’avis que l’on m’avoit donné de son dessein, et sur lequel je vous ai mandé, étoit bon. Que fera Monsieur ? que ferez-vous ? » Je répondis à la Reine qu’elle savoit bien, par les expériences passées, qu’il seroit difficile que je lui répondisse de Monsieur ; mais que je lui répondois que je ferois tous mes efforts pour l’obliger à faire ce qu’il lui devoit en cette occasion, et qu’en cas qu’il ne s’en acquittât pas je ferois connoître à Sa Majesté qu’il n’y auroit au moins aucune faute de ma part. Je lui promis de me trouver au Palais en mon particulier avec tous mes amis, et de m’y conduire d’une manière qui la satisferoit. Je lui fis agréer même que, si je ne pouvois obliger Monsieur à se déclarer pour elle, je fisse ce qui seroit en moi pour le persuader d’aller, au moins pour quelques jours, à Limours, sous le prétexte d’y prendre quelques remèdes : ce qui feroit voir et au parlement et