Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/382

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ceux de son parti se donnèrent dans ces momens, je ne vous ferois, à proprement parler, qu’un crayon fort défectueux des conjectures que nous formions tous les matins à l’aventure, et que nous condamnions tous les soirs au hasard.

Comme la Fronde étoit plus unie, je suis persuadé que ceux du parti qui lui étoit contraire en pouvoient raisonner plus juste ; je ne le suis pas moins qu’ils ne laisseroient pas de s’égarer souvent, s’ils entreprenoient de suivre par un récit avec exactitude tous les pas qu’elle fit dans ces mouvemens. Je vous rends un compte fidèle de ce que je sais certainement. C’est par cette raison que je n’ai touché que fort légèrement ce qui se passa à Saint-Maur[1]. On feroit des volumes de tout ce qui s’en disoit en ce temps-là ; et la seule résolution que madame de Longueville y prit de se retirer en Berry avec madame la princesse eut autant de sens et d’interprétations différentes, qu’il y eut d’hommes ou de femmes à qui il plut d’en raisonner. Je reviens à-ce qui se passa au parlement.

Je vous ai dit ci-dessus que M. le duc d’Orléans avoit pris le parti de faire un second voyage à Limours. M. le prince l’ayant su, vint chez lui à dix heures du soir pour lui en faire sa plainte ; et il l’obligea de mander à M. le premier président qu’il se trouveroit le lundi suivant à l’assemblée des chambres. Comme il ne s’y étoit engagé que par foiblesse, et parce qu’il n’avoit pas la force de contredire en face M. le prince, il fit le malade le dimanche, et il envoya s’excuser pour le lundi. M. le prince fit trouver le mardi au

  1. Ce qui se passa à Saint-Maur : Ces détails se trouvent les mémoires de la Rochefoucauld, qui font partie de cette série.