Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/387

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tinuai mon avis fort sérieusement, en ajoutant que j’étois, sur le reste, de celui de M. de Charon, qui alloit à ce qu’il fût fait registre des paroles de la Reine ; que M. le prince fût prié par toute la compagnie d’aller voir le Roi ; que M. de Mercœur fût mandé pour venir rendre compte le lundi suivant à la compagnie de son prétendu mariage ; que les arrêts rendus contre les domestiques du cardinal fussent exécutés ; qu’Ondedei fût pris au corps, et que Bertet, Brechet, l’abbé Fouquet et Silhon fussent assignés par devant messieurs Broussel et Munier pour répondre aux faits que M. le procureur général pourroit proposer contre eux. Il passa à cela de toutes les voix. M. le prince qui témoigna en être très-satisfait, dit qu’il n’en falloit pas moins, pour l’assurer. Monsieur le mena, dès l’après-dînée chez le Roi et chez la Reine, desquels il fut reçu avec beaucoup de froideur ; et M. le premier président dit le soir à M. de Turenne, de qui je l’ai su depuis, que si M. le prince avoit su jouer la balle qu’il lui avoit servie le matin, il avoit quinze sur la partie contre moi. Il est constant qu’il y eut deux ou trois momens, dans cette séance, où la plainte de M. le prince donna à la compagnie et des impressions et des mouvemens qui me firent peur. Je changeai les uns et j’éludai les autres par le moyen que je viens de vous raconter et qui confirme ce que je vous ai déjà dit plus d’une fois, que tout peut dépendre d’un instant dans ces assemblées.

La Reine fut sans comparaison plus touchée de l’atteinte qu’on avoit donnée au mariage de M. de Mercœur qu’au contre-coup, et plus important et plus essentiel, que l’on avoit porté à son autorité.