Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/390

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIVRE QUATRIÈME.




La Reine, outrée de la continuation de la conduite de M. le prince, qui marchoit dans Paris avec une suite plus grande et plus magnifique que celle du Roi et celle de Monsieur, en qui elle trouvoit un changement continuel ; la Reine, dis-je, presque au désespoir, résolut de jouer à quitte ou à double. M. de Châteauneuf flatta en cela son inclination : elle y fut confirmée par une dépêche de Brulh, laquelle jetoit feu et flammes. Elle dit clairement à Monsieur qu’elle ne pouvoit plus demeurer dans l’état où elle étoit ; qu’elle lui demandoit une déclaration positive, ou pour ou contre elle. Elle me somma en sa présence de lui tenir la parole que je lui avois donnée de ne point balancer à éclater contre M. le prince, s’il continuoit à agir comme il avoit commencé. Monsieur voyant que je n’hésitois pas à prendre ce parti auquel il avoit trouvé bon lui-même que je me fusse engagé, s’en fit honneur auprès de la Reine ; et il crut la payer par ce moyen de ce qu’il ne la payoit pas de sa personne, qu’il n’aimoit pas naturellement à exposer. Il lui donna une douzaine de raisons, pour lui faire agréer qu’il ne se trouvât plus au parlement ; et il lui insinua que ma présence, qui entraînoit la meilleure partie de sa maison, feroit assez connoître à la compagnie et au public sa pente et ses intentions. La Reine se consola assez aisément de son absence, quoi-