Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/392

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précisément sur quel sujet. Quand sa patience fut à bout, et qu’elle se fut résolue, et par les conseils de M. de Châteauneuf, et par la permission qu’elle en reçut de Brulh, de pousser M. le prince, elle fut ravie d’avoir lieu de se pouvoir fier à moi pour l’y servir. Elle chercha ce lieu avec plus d’application qu’elle n’avoit fait ; et en voici une marque. Elle mena Madame avec elle aux Carmélites, un jour de quelque solennité de leur ordre, la prit au sortir de la communion ; elle lui fit faire serment de lui dire la vérité de ce qu’elle lui demanderoit ; et ce qu’elle lui demanda fut si je la servois fidèlement auprès de Monsieur. Madame lui répondit sans aucun scrupule qu’en tout ce qui ne regardoit pas le retour du cardinal je la servois non-seulement avec fidélité mais avec ardeur. La Reine, qui aimoit et qui estimoit la véritable piété de Madame, ajouta foi à son témoignage, et à un témoignage rendu dans cette circonstance. Il se trouva par bonheur que dès le lendemain j’eus occasion de m’expliquer à la Reine devant Monsieur : ce que je fis sans balancer, et d’une manière qui lui plut ; et ce qui la toucha encore plus que tout cela fut que Monsieur, qui n’avoit pas paru jusqu’à ce moment bien ferme à tenir ce qu’il avoit promis en de certaines occasions à la Reine, ne lui manqua point en celle-ci, au moins si pleinement que les autres fois. Il ne fut pas au pouvoir de M. le prince de le mener au Palais, quoiqu’il y employât tous ses efforts ; et la Reine attribua à mon industrie ce que je croyois dès ce temps-là, et que j’ai toujours cru depuis, n’avoir été que l’effet de l’appréhension qu’il eut de se trouver dans une mêlée qu’il avoit sujet