Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/409

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lier qui est à la main gauche en sortant de la salle. Dix heures sonnèrent ; la compagnie se leva et ainsi finit cette matinée, qui faillit à abîmer Paris.

Il me semble que vous me demandez quel personnage jouoit M. de Beaufort dans cette dernière scène ; et qu’après le rôle que vous lui avez vu dans les premières, vous vous étonnez du silence dans lequel il paroît comme enseveli depuis quelque temps. Vous verrez dans ma réponse la confirmation de ce que j’ai remarqué déjà plus d’une fois dans cet ouvrage, que l’on ne contente jamais personne quand on prétend contenter tout le monde. M. de Beaufort se mit dans l’esprit (ou plutôt madame de Montbazon le lui mit), après qu’il eut rompu avec moi, qu’il se devoit et pouvoit ménager entre M. le pririce et la Reine ; et il affecta même si fort l’apparence de ce ménagement, qu’il affecta de se trouver tout seul, et sans être suivi de qui que ce soit, dans ces deux assemblées du parlement, desquelles je viens de vous entretenir. Il dit même tout haut à la dernière, d’un ton de Caton qui ne lui convenoit pas « Pour moi, je ne suis qu’un particulier qui ne me mêle de rien. Je me tournai à M. de Brissac, et lui dis : « Il faut avouer que M. d’Angoulême et M. de Beaufort ont une bonne conduite ! » Ce que je ne proférai pas si bas que M. le prince ne l’entendît, et ne s’en prît à rire. Vous observerez, s’il vous plaît, que M. d’Angoulême avoit plus de quatre-vingt-dix ans[1], et qu’il ne bougeoit plus de son lit. Je ne vous marque cette

  1. Avoit plus de quatre-vingt-dix ans : Charles de Valois, comte d’Auvergne, et depuis duc d’Angoulême, fils naturel de Charles IX étoit mort l’année précédente à soixante-dix-sept ans. On peut être étonné